« Une journaliste en garde à vue pour avoir révélé un détournement d’aide militaire en Egypte »
Le mardi dernier, la journaliste Ariane Lavrilleux a été placée en garde à vue suite à ses révélations sur un possible détournement d’une opération de renseignement française en Egypte. Cette affaire a suscité une vive polémique et a été dénoncée comme une atteinte à la liberté de la presse. Retour sur les faits.
Une enquête sur un détournement d’aide militaire française en Egypte
Dans une enquête publiée en novembre 2021, le média Disclose révélait que l’opération de renseignement française Sirli, lancée en Egypte en 2016, aurait été détournée par les autorités égyptiennes. Cette opération avait pour objectif de lutter contre le terrorisme, mais selon les informations de Disclose, elle aurait été utilisée pour « vendre des armes à la dictature égyptienne » du général Fatah Al-Sissi. Les autorités égyptiennes auraient ensuite utilisé les informations collectées pour mener des frappes aériennes contre des contrebandiers présumés à la frontière égypto-libyenne. Selon les documents secret-défense obtenus par Disclose, les forces françaises auraient été impliquées dans plusieurs bombardements contre des civils dans cette zone.
La journaliste placée en garde à vue, mais relâchée sans poursuites
Suite à ces révélations, le ministère français des Armées a porté plainte pour « violation du secret de la défense nationale » et une enquête préliminaire a été ouverte en novembre 2021. Cette enquête a conduit à la mise en garde à vue d’Ariane Lavrilleux, journaliste à Disclose, et à une perquisition à son domicile. La journaliste est accusée de « compromission du secret de la défense nationale » et de « révélation d’informations pouvant conduire à identifier un agent protégé ». Après près de 40 heures d’interrogatoire, Ariane Lavrilleux a été relâchée sans poursuites.
Indignation et condamnations de la part des médias et des ONG
L’annonce de la garde à vue d’Ariane Lavrilleux a suscité une indignation profonde parmi les journalistes. Plusieurs sociétés de journalistes, dont celles de Médiapart, France Télévisions et France 24, ont dénoncé une « attaque sans précédent contre le secret des sources » et une « situation gravissime ». Le secret des sources journalistiques est protégé par la loi française depuis 2010, sauf si un « impératif prépondérant d’intérêt public » le justifie. Des ONG telles que Reporters sans frontières (RSF) et Amnesty International ont également condamné cette mesure.
Le gouvernement refuse de réagir
Interrogé sur cette affaire, le gouvernement français s’est refusé à tout commentaire. Le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, a déclaré que ce n’était pas le lieu pour répondre à ces questions. La ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, a quant à elle affirmé qu’elle défendait la liberté de la presse, mais qu’elle ne commentait jamais une procédure judiciaire en cours. De son côté, la première ministre, Elisabeth Borne, a déclaré ne pas avoir les éléments nécessaires pour s’exprimer sur cette affaire.
Une série d’attaques contre la liberté de la presse
Cette garde à vue d’Ariane Lavrilleux intervient après une série d’attaques contre la liberté de la presse ces dernières années. Plusieurs journalistes et médias ont été convoqués par la DGSI ou visés par la justice. Ces attaques ont fait craindre une remise en cause de la liberté de la presse en France.
En conclusion, la mise en garde à vue d’Ariane Lavrilleux suite à ses révélations sur un détournement d’aide militaire en Egypte a provoqué une vive polémique quant à la liberté de la presse en France. Cette affaire suscite l’indignation des médias et des ONG, qui dénoncent une atteinte au secret des sources journalistiques. Le gouvernement français, quant à lui, refuse de réagir à cette affaire en cours.