Des militants de Dernière Rénovation devant le tribunal à Tours : « La question n’est pas de nous juger mais de savoir de quel côté de l’histoire on veut être »
Cinq membres du collectif écologiste Dernière Rénovation comparaissent devant le tribunal correctionnel de Tours. Ils sont poursuivis pour « dégradations de biens à l’utilité publique ». En mars dernier, ces militants ont aspergé la préfecture d’Indre-et-Loire avec de la peinture orange pour dénoncer l’inaction des politiques face à la crise climatique.
Une action symbolique pour attirer l’attention sur la crise climatique
Ces cinq activistes, âgés de 19 à 28 ans, ont tenté de convaincre le tribunal du caractère symbolique de leur action lors de leur prise de parole. Rachel, l’une des prévenues, explique s’être engagée dans l’écologie après l’incendie de Lubrizol. Elle affirme que la question n’est pas de les juger, mais de choisir quel côté de l’histoire on veut soutenir. Rachel a déjà été condamnée en mai dernier pour avoir aspergé de peinture orange une sculpture à Paris et elle se dit prête à recommencer. Les autres prévenus, Jérémy, Swann et Emmanuel, comparaissent également pour la première fois et affirment faire cela pour pouvoir vivre dans un monde qui s’effondre et pour préserver l’avenir de leurs enfants.
Une demande de reconnaissance de l’état de nécessité
Les prévenus demandent à la juge de reconnaître l’état de nécessité de leur démarche, estimant qu’il est urgent de prendre des mesures pour lutter contre le réchauffement climatique. Ils affirment que leur action consistant à peindre des pierres en orange vise à sauver des vies. Cependant, malgré leurs arguments, ils n’ont pas convaincu les parties civiles et le ministère public. L’avocat du Conseil départemental, propriétaire du bâtiment dégradé, estime que le problème est plus complexe et que la peinture d’une préfecture ne forcera pas le gouvernement à prendre des mesures concrètes pour la rénovation thermique des logements. Il demande 32 000 euros de préjudice matériel et 2 000 euros de préjudice moral.
Un rappel de la responsabilité pénale et une demande d’amende
Le représentant du ministère public, Joël Patard, rappelle qu’il a été lui-même militant par le passé et qu’il comprend l’urgence climatique. Cependant, il souligne qu’il ne suffit pas de revendiquer l’état de nécessité pour l’obtenir, il faut également se trouver dans un état de péril imminent. Selon lui, les activistes se sont trompés de lieu pour faire de la politique. Joël Patard rappelle qu’il est de la responsabilité du tribunal de juger les responsabilités pénales et d’appliquer la loi. Il demande donc une amende de 1 000 euros pour chacun des prévenus.