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vendredi, septembre 29, 2023

Justice rendue : une victime du régime franquiste entendue pour la première fois

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Espagne : une victime du régime de Franco entendue par un juge pour la première fois

Une victime du régime franquiste en Espagne est auditionnée par un juge pour témoigner des tortures qu’elle a subies. Il s’agit d’un événement historique, marquant une avancée dans la justice et la reconnaissance des crimes commis pendant la dictature de Franco.

L’audience inédite d’un survivant du régime franquiste

Vendredi 15 septembre, Julio Pacheco Yepes, âgé de 67 ans, prend la parole devant un tribunal de Madrid. En février 2023, après des années de recherche de preuves et de procédures, il a déposé plainte contre quatre membres de la police politique de Franco. Ces hommes l’ont torturé en août 1975, juste avant la mort du dictateur, dans les locaux de la Direction générale de la sécurité. Son unique « crime » était d’être membre d’une organisation étudiante antifranquiste d’extrême gauche. Julio Pacheco a ensuite été emprisonné et accusé de terrorisme.

Jusqu’à présent, ce type d’audience était inenvisageable en raison de la loi d’Amnistie de 1977. Ce texte, voté par tous les partis politiques de l’époque, empêchait toute poursuite judiciaire pour les délits commis par les fonctionnaires de l’État pendant la dictature. Même le célèbre juge Baltazar Garzón avait échoué dans sa tentative d’ouvrir une enquête.

La loi d’Amnistie : un pacte d’oubli et de silence

La loi d’Amnistie de 1977 a permis à l’Espagne de réaliser une transition vers la démocratie, mais elle a également créé un pacte d’oubli et de silence qui a empêché le pays de solder son passé. Selon plusieurs rapports de l’ONU, l’Espagne est appelée à juger les criminels franquistes pour leurs crimes contre l’humanité, tels que la torture, les exécutions arbitraires et les disparitions forcées.

Pendant les 45 dernières années, des centaines de plaintes ont été déposées, mais elles ont toutes été jugées irrecevables. Julio Pacheco est donc la première victime à atteindre ce stade de convocation devant un tribunal. La juge en charge de son dossier estime qu’il pourrait y avoir des crimes contre l’humanité, qui sont imprescriptibles selon le droit international. Cependant, cela ne garantit pas que l’affaire soit renvoyée devant la justice, car la juge peut également décider de classer l’affaire.

Réconcilier le passé pour mieux avancer

Julio Pacheco espère que son témoignage permettra de rompre l’impunité et de faire face aux crimes commis pendant le franquisme. Bien que de nombreux tortionnaires soient décédés sans jamais être inquiétés, il estime que la reconnaissance de la vérité est nécessaire pour refermer les blessures du passé. L’installation de l’extrême droite dans le paysage politique espagnol, avec le parti Vox, souligne d’autant plus la nécessité de cette réconciliation avec le passé.

En 2022, une loi sur la « mémoire démocratique » a été adoptée, interdisant toute exaltation publique de Franco et de son régime. Cette loi vise également à réhabiliter les victimes à travers un dispositif de reconnaissance et d’indemnisations. Malgré cela, la droite et l’extrême droite critiquent cette loi, accusant de rouvrir inutilement les blessures du passé. Pour Julio Pacheco, seule la vérité permettra la guérison des blessures et l’avancée du pays vers une réconciliation durable.

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