Niger : les appels à une solution pacifique pour résoudre la crise
Le spectre d’une intervention militaire au Niger persiste malgré les appels à une solution pacifique. Le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a déclaré que la diplomatie reste le « moyen préférable » pour résoudre la crise provoquée par le coup d’Etat au Niger. La Cédéao, la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest, soutient également cette approche. Cependant, la menace d’une intervention militaire reste présente et des voix s’élèvent pour alerter sur les conséquences néfastes d’une telle décision, tant pour le Niger que pour la région du Sahel.
Des inquiétudes au Nigeria
En tant que président actuel de la Cédéao, le Nigeria serait en première ligne en cas d’intervention militaire au Niger. Cependant, des élus et figures politiques nigérians expriment leurs inquiétudes face à cette perspective. Le Sénat nigérian a appelé à privilégier l’option politique et diplomatique. Les sénateurs des régions frontalières du Niger ont également exprimé leurs préoccupations quant aux potentielles « graves implications » d’un recours à la force militaire. Ils mettent notamment en avant les conséquences économiques et humanitaires que cela pourrait engendrer.
L’opposition d’Alger à une intervention militaire
L’Algérie, pays voisin du Niger, s’oppose catégoriquement à une intervention militaire de la part de la Cédéao. Le président algérien a souligné que cela représenterait une menace directe pour l’Algérie, qui partage près d’un millier de kilomètres de frontière avec le Niger. Il prévient également que les juntes au Mali et au Burkina Faso soutiendraient les putschistes au Niger et considéreraient une intervention de la Cédéao comme une déclaration de guerre. Le président algérien met en garde contre le risque d’une guerre meurtrière dans la région du Sahel.
Les risques d’une intervention militaire
Des spécialistes du Sahel soulignent les risques d’une telle intervention. En plus de renforcer les mouvements jihadistes qui exploitent les failles des Etats, une guerre au Sahel aurait des conséquences dramatiques pour la région. Les chercheurs mettent en garde contre le risque de guerre civile au Niger, compte tenu de la polarisation politique actuelle. Ils soulignent que la guerre ne ferait que renforcer les soutiens populaires envers les putschistes et les pousserait à s’accaparer davantage du pouvoir. Par conséquent, une intervention militaire n’est pas considérée comme la solution optimale.
Les défis pour la Cédéao en cas d’intervention militaire
En cas d’intervention militaire, la Cédéao devra faire face à de nombreux défis, notamment en termes de moyens militaires. Elie Tenenbaum, directeur du Centre des études de sécurité de l’Ifri, explique que ce type d’opération demande des compétences spécifiques et une capacité d’intervention aérienne sur Niamey. Cependant, les armées de l’Afrique de l’Ouest sont confrontées à des difficultés matérielles et sont principalement orientées vers la sécurisation de leur propre territoire. Il est donc difficile d’imaginer une opération coordonnée par un état-major commun qui n’existe que sur le papier.
En conclusion, malgré les appels à une solution pacifique, l’idée d’une intervention militaire contre les putschistes au Niger est loin de faire l’unanimité. De nombreux acteurs, tant au Niger que dans la région, expriment leurs craintes quant aux conséquences d’une telle décision. La diplomatie reste donc privilégiée, même si la question de l’intervention armée n’est pas totalement écartée.