« Menace grave » ou victime « d’une famille tyrannique » ?
La demande d’expulsion en Algérie d’une « revenante » de Syrie
Une jeune femme de 24 ans rapatriée de Syrie en janvier dernier est actuellement menacée d’expulsion vers l’Algérie, pays où elle n’a jamais vécu. Le préfet du Nord s’est exprimé mercredi devant la commission d’expulsion du tribunal administratif de Lille afin de défendre cette demande.
Sana, une jeune femme victime d’une famille radicalisée
Sana, dont le prénom a été modifié pour des raisons de confidentialité, a été emmenée en Syrie par sa mère radicalisée alors qu’elle était encore mineure. Durant deux ans, elle a été déscolarisée sans que les autorités compétentes ne s’en aperçoivent. En France, Sana est l’une des rares « revenantes » de Syrie à ne pas être poursuivie par la justice. Cependant, le préfet du Nord souhaite son expulsion vers l’Algérie, le pays d’origine de ses parents.
Le préfet du Nord estime que Sana est une menace pour la sécurité publique
Le préfet du Nord, Georges-François Leclerc, s’oppose fermement à la présence de Sana sur le territoire français. Il considère que son rapport avec l’islamisme est ambigu, notamment en se basant sur des réactions lors de sa garde à vue à son retour en France. Selon le préfet, Sana n’a pas suffisamment condamné les actes terroristes et fait partie d’une famille où 23 membres sont partis au jihad.
Une avocate défend Sana et souligne son engagement
L’avocate de Sana, Marie Dosé, réfute les accusations du préfet et insiste sur le fait que sa cliente coopère activement avec les services de renseignement. Elle explique que les rires de Sana lors de sa garde à vue sont un mécanisme de défense bien connu des psychiatres. Selon elle, Sana condamne fermement les horreurs commises par l’Etat islamique, notamment lors des attentats de novembre 2015 à Paris.
Le parcours difficile de Sana
Sana décrit une enfance difficile, marquée par des violences et des privations au sein de sa famille. Elle affirme avoir été enfermée, déscolarisée et avoir subi des coups de la part de sa mère. Aujourd’hui, elle souhaite changer de nom de famille et s’est portée partie civile contre sa mère. Ses deux filles, nées en Syrie, ont été placées en famille d’accueil et Sana les voit régulièrement. Le préfet du Nord évoque également des faits concernant la justice allemande, mais l’avocate de Sana précise qu’elle n’est citée que comme simple témoin.
La décision finale attendue pour le 27 septembre
La commission d’expulsion rendra son avis le 27 septembre prochain, mais celui-ci reste consultatif. Si Sana devait être renvoyée en Algérie, elle mettrait pour la première fois les pieds dans ce pays où elle ne connaît personne. Le préfet du Nord estime également que ses deux filles pourraient être expulsées avec elle.
En attendant la décision finale, Sana continue de coopérer avec les services de renseignement et de condamner les actes terroristes, tout en espérant pouvoir rester en France avec ses enfants.