Rapatriement d’enfants de jihadistes : les révélations de l’avocate
La France a effectué le rapatriement de dix femmes et 25 enfants détenus dans les camps de prisonniers jihadistes en Syrie. Parmi eux se trouvaient Lisa et Sarah, deux sœurs orphelines dont l’histoire avait été largement relayée par franceinfo.
Une enfance sous le califat
Lisa et Sarah avaient seulement 7 et 9 ans lorsque leur mère les a emmenées en Syrie, abandonnant l’ouest de la France. Elles ont vécu une enfance marquée par le califat, les bombardements et la chute du groupe État islamique à Baghouz. Malheureusement, elles ont perdu leur mère et leurs deux frères dans ces circonstances tragiques. Lisa a également subi de graves blessures aux jambes et aux bras, dont elle souffre encore aujourd’hui.
Quatre ans de solitude
Après la mort de leur mère, Lisa et Sarah ont passé quatre ans seules dans des camps kurdes. Ballotées de tente en tente, ces deux orphelines nourrissaient le rêve de retourner dans le pays où elles sont nées et ont grandi : la France. Cependant, étant donné qu’elles n’avaient pas de demande de nationalité française formulée pour elles et que Paris estimait qu’il y avait un blocage administratif, elles sont restées dans les camps kurdes.
Un appel à l’aide
Sentant leur situation désespérée, Lisa et Sarah ont lancé un appel en mai dernier, un appel à l’aide pour retourner dans leur pays d’enfance. Leur avocate a pris en charge leur dossier et a saisi le tribunal administratif. Finalement, cet appel a porté ses fruits. Le mardi 4 juillet, Lisa et Sarah ont été rapatriées à Paris aux côtés de dix femmes et 23 autres enfants détenus dans les camps de prisonniers en Syrie.
Un sentiment mitigé
Maitre Marie Dosé, l’avocate de Lisa et Sarah, confie avoir des sentiments mitigés après ce rapatriement. D’une part, elle ressent un immense soulagement mais d’autre part, elle est en colère. En effet, pendant ces quatre années et demi, les deux jeunes filles ont été laissées à l’abandon. La blessure physique de Lisa aurait pu être soignée plus rapidement si elle avait été prise en charge à temps. Maitre Marie Dosé souligne que ces jeunes filles sont victimes de leurs parents et d’un pays qui n’a pas su les protéger.
Les mineurs rapatriés pris en charge
Parmi les 25 mineurs rapatriés, une adolescente de 17 ans faisant l’objet d’un mandat de recherche a été placée en garde à vue. Les autres enfants seront pris en charge dans le cadre de procédures d’assistance éducative sous la responsabilité du parquet de Versailles, y compris Lisa et Sarah qui ont maintenant 14 et 16 ans.
Encore un dernier orphelin en Syrie
À ce jour, il ne reste qu’un seul orphelin français en Syrie, un garçon d’origine tchétchène qui avait été enlevé par son père tué sur place. L’adolescent se trouve actuellement dans un centre de rééducation kurde. Sa mère, en France, espère toujours son retour.