Au Pérou, le pont Q’eswachaka : le dernier pont suspendu inca au monde
Partons à l’aventure si vous le voulez bien ! Lorsqu’on imagine un voyage au Pérou, on pense évidemment au Machu Picchu, l’une des sept merveilles du monde moderne. Cependant, il existe une autre architecture issue de la civilisation inca qui vaut le détour, inscrite au patrimoine immatériel de l’humanité.
Une construction traditionnelle et unique
Le pont Q’eswachaka est situé dans la région de Cuzco, dans le canyon de la rivière Apurimac, à 28 mètres de hauteur. Il s’agit d’un pont suspendu vieux de six siècles et est le dernier pont suspendu inca au monde. Sa particularité réside dans le matériau utilisé pour sa construction : l’herbe séchée appelée q’oya.
Une tradition de rénovation annuelle
Chaque année au mois de juin, les communautés natives de la région s’affairent à rénover le pont Q’eswachaka en l’espace de trois jours, conformément à la tradition. Maintenant que la pandémie est terminée, les indigènes tentent de regagner l’intérêt des visiteurs pour l’une des traditions les plus marquantes de cette région.
Les femmes de la communauté, vêtues de jupes multicolores, sont responsables de la coupe de l’herbe q’oya dans les champs à l’aide de faucilles. Elles tressent ensuite les brins d’herbe pour former des cordes épaisses, que les hommes portent sur leurs épaules.
Durant tout le processus de confection, la tradition requiert le sacrifice d’un agneau en guise d’offrande aux dieux de la terre et de la montagne, dans le but de prévenir les accidents. Les divinités sont une partie intégrante de cette tradition, qui se perpétue de génération en génération depuis les pré-Incas.
Un pont qui appartient aux sirènes de la rivière
Une fois que les nouvelles cordes sont prêtes, elles remplacent directement l’ancien pont. Les hommes déplacent les cordes les plus épaisses d’un bout à l’autre pour poser les bases de la nouvelle structure, tandis que l’ancien pont est retiré et emporté par le courant de la rivière.
Pour terminer la rénovation, les hommes installent des cordes épaisses pour servir de mains courantes, puis relient des milliers de cordes plus fines les unes aux autres. Enfin, un tablier est ajouté pour créer un garde-fou, assurant la sécurité sur le pont.
Les hommes, qui ne connaissent pas le vertige, mâchent des feuilles de coca pour lutter contre la fatigue pendant le long processus de construction. Pendant l’installation finale du pont, les femmes sont exclues. Cette exclusion n’est pas due à un sexisme quelconque, mais plutôt à la croyance que le pont appartient aux sirènes, qui seraient jalouses.
Une renaissance symbolique
Au moment où les deux équipes se rejoignent, un cri retentit : « Haylly Q’eswachaka », annonçant la renaissance du pont. Le pont mesure environ trente mètres de long et un peu plus d’un mètre de large, témoignant du travail acharné réalisé par les communautés locales pour maintenir cette tradition vivante.