Retour de la police des mœurs en Iran : « Le régime a peur de déclencher à nouveau des manifestations », observe une professeure de sociologie franco-iranienne
En Iran, la police des mœurs est de retour dans les rues depuis le dimanche 16 juillet pour contrôler les femmes qui ne portent pas le voile. Cependant, la situation reste explosive selon Azadeh Kian, professeure de sociologie franco-iranienne à l’Université Paris-Cité.
Une réaction du régime par peur des manifestations
Azadeh Kian explique que le régime a peur de la réaction de la population, en particulier des femmes qui ne portent pas le voile. La police des mœurs est désormais nommée « police pour faire respecter les préceptes vestimentaires » et ses camionnettes ne portent plus de logo. Les policiers ont reçu l’ordre d’être moins violents et plus pédagogiques. Cette mesure est prise pour éviter de déclencher de nouvelles manifestations, similaires à celles de septembre 2022 suite à la mort de Mahsa Amini.
Une révolution en cours malgré la répression
La professeure souligne que malgré la répression violente du mouvement de contestation après la mort de Mahsa Amini, la révolution est en marche. De nombreux acquis ont déjà été obtenus, notamment en termes de revendication d’égalité entre les hommes et les femmes. Pour la première fois, les hommes se sont également engagés aux côtés des femmes lors des violences policières. Bien que le régime reste en place, il est fragilisé et des dissensions au sein du pouvoir apparaissent de plus en plus fréquemment.
Une révolution aux multiples facettes
La révolution en cours en Iran va au-delà de la question du voile obligatoire pour les femmes. Elle englobe des mécontentements économiques, sociaux, politiques et culturels. La société iranienne est contestataire et rejette le pouvoir en place qui ne se maintient que grâce à la coercition et à la répression exercée par la police des mœurs.
Une répression préventive à l’approche de l’anniversaire de la mort de Mahsa Amini
La récente réapparition de la police des mœurs et les arrestations quotidiennes montrent la peur du régime face aux manifestations à venir. Cependant, ces mesures risquent d’énerver davantage la population et de précipiter la chute du régime. Même d’anciens responsables iraniens, tels que l’ancien président Mohammad Khatami, mettent en garde contre les conséquences de la répression.
Une révolution collective avec de nombreux acteurs
Cette révolution en cours implique une grande partie de la population iranienne. Contrairement aux manifestations de 2018-2019 qui étaient principalement portées par des jeunes et des hommes des classes populaires avec des revendications sociales et économiques, le mouvement actuel touche l’ensemble du pays. Les différentes minorités, comme les Kurdes et les Baloutches, sont également très impliquées. Les villes, qui représentent 75% de la population iranienne, manifestent régulièrement leur mécontentement. Les sondages réalisés par les services iraniens confirment le mécontentement général de la population envers le régime en place.