Mort d’Adama Traoré : « Les magistrats ont fait preuve d’une partialité énorme et ont tout simplement violé la loi », dénonce l’avocat de la famille
Dans l’affaire Adama Traoré, la justice a prononcé un non-lieu pour les trois gendarmes impliqués. L’avocat de la famille de la victime estime que les juges d’instruction protègent les gendarmes. « Ils ont refusé d’effectuer les éléments d’enquête élémentaires », précise Yassine Bouzrou.
Des magistrats partiaux et une violation de la loi
« Les magistrats ont fait preuve d’une partialité énorme et ont tout simplement violé la loi », dénonce Me Yassine Bouzrou, l’avocat de la famille d’Adama Traoré. Le jeune homme est mort en juillet 2016 à la suite de son interpellation par des gendarmes à Beaumont-sur-Oise, dans le Val-d’Oise. L’avocat a annoncé plus tôt que la famille allait faire appel, car « le contenu de cette ordonnance [des juges d’instruction] est scandaleux ».
Des incohérences dans l’affaire
Me Yassine Bouzrou pointe plusieurs incohérences. « Nous avons des magistrats instructeurs qui reconnaissent, après sept ans d’instruction, que l’interpellation a causé la mort », explique-t-il. « Au lieu d’en tirer les conséquences prévues par la loi, à savoir que dans la mesure où la violence de l’interpellation a conduit à la mort et que des médecins l’affirment, cela s’appelle des charges suffisantes, seul un tribunal peut ensuite apprécier si oui ou non ces violences sont légitimes et proportionnelles », poursuit-il.
L’avocat estime que les juges d’instruction de ce dossier protègent les gendarmes. « Ils ont refusé d’effectuer les éléments d’enquête élémentaires, à savoir une reconstitution pour savoir si les violences sont légitimes et s’il y a de la proportionnalité », détaille-t-il. « Les gendarmes eux-mêmes dans leurs déclarations reconnaissent des fautes, donc il est tout de même très étonnant que des magistrats instructeurs ne le reconnaissent pas », précise-t-il, rappelant que les militaires « ont affirmé que le plaquage ventral a duré cinq minutes, ce qui est totalement interdit ».
Des preuves accablantes
« Il y a des expertises judiciaires réalisées par des médecins français, des médecins étrangers, notamment des Belges, des médecins assignés par les juges d’instruction qui affirment clairement que c’est l’interpellation qui a causé la mort, donc nous avons des éléments extrêmement simples qui ne souffrent d’aucune ambiguïté », résume Me Yassine Bouzrou.
La famille déterminée à obtenir justice
La famille d’Adama Traoré n’a pas été étonnée à l’annonce du non-lieu des gendarmes, confie l’avocat. « Ils sont combatifs pour la prochaine étape, car il n’est pas possible dans un État de droit que la justice s’écarte d’une manière aussi flagrante de la loi », déclare Me Yassine Bouzrou.