AccueilAnimauxQu'est-ce que la Grive Mauvis, cet oiseau migrateur méconnu ?

Qu’est-ce que la Grive Mauvis, cet oiseau migrateur méconnu ?

Grive mauvis, passereau migrateur
Crédit photo : Andreas Trepte

La grive mauvis, la grive la plus septentrionale d’Europe, est connue pour sa capacité à survivre et à se reproduire dans des habitats très froids. En France, on ne la rencontre qu’en hiver, lorsqu’elle vient chercher des températures plus clémentes dans nos bois. On peut aussi observer ses vols migratoires au-dessus de l’Hexagone quand elle rejoint la péninsule ibérique. Zoom sur la plus petite des grives qui hivernent sous nos latitudes, que l’on reconnaît facilement avec son sourcil et son trait blancs sur la joue.

Qui est la grive mauvis ?

La grive mauvis (Turdus iliacus) est un passereau appartenant à la famille des turdidés. Elle fait partie des 4 espèces de grives les répandues en France avec la grive musicienne (Turdus philomelos), la grive litorne (Turdus pilaris) et la grive draine (Turdus viscivorus). Plus petite des 4, la grive mauvis mesure en moyenne 21 cm de long pour une envergure de 34 cm et un poids compris entre 50 et 70 grammes. On recense 2 sous-espèces (ou races) en fonction de l’aire de répartition :

- Advertisement -
  • Turdus iliacus iliacus, la plus commune dans notre pays, est aussi distribuée en Écosse, Scandinavie, Russie (jusqu’à l’est de la Sibérie), Pologne, Ukraine et pays baltes ;
  • Turdus iliacus coburni réside seulement en Islande et dans les îles Féroé.

Comment identifier la grive mauvis ?

Chez ce passereau, les parties supérieures brunes contrastent avec des flancs et le dessous des ailes de couleur rouille. La gorge et le ventre sont blancs avec de nombreuses rayures foncées. Les rémiges sont noirâtres. La grive mauvis porte un masque facial caractéristique, marqué par un net sourcil crème et un demi-collier beige pâle. Son regard sombre se fond avec les lores noirs et une petite tache claire se dessine sous l’œil. Le bec est noir et la base de la mandibule jaune. L’espèce ne présente pas de dimorphisme sexuel, mâle et femelle étant identiques. Le juvénile se distingue par des taches blanches sur le dos et le roux des couvertures sous-alaires est plus terne. La sous-espèce Turdus iliacus coburni est un peu plus grande et plus sombre que Turdus iliacus iliacus.

Où niche la grive mauvis ?

Espèce nordique, Turdus iliacus iliacus niche en Scandinavie, en Russie (jusqu’en Sibérie orientale) et dans les pays baltes. Elle est typiquement un oiseau de la taïga et de la toundra que l’on peut toutefois rencontrer jusqu’à 2000 m d’altitude. Pour nidifier, la grive mauvis privilégie les forêts de conifères (pins, épicéas) mais colonise également les bois de bouleaux, les saulaies, les bosquets et autres sites buissonnants parsemés de zones herbacées où elle recherche sa nourriture. Au sud de son aire de reproduction, le passereau fréquente les rives des cours d’eau ou les boisements humides, nichant parfois dans les quelques arbres qui jalonnent les étendues de tourbières. En Scandinavie, la grive mauvis peut s’installer dans les parcs et grands jardins urbains pourvus de ligneux.

Voir aussi  Quelle est cette mystérieuse mésange à la tête noire et blanche ?

Où hiverne la grive mauvis ?

À partir de septembre, les populations de grive mauvis quittent l’aire de reproduction pour rejoindre les contrées plus hospitalières d’Europe : des Îles Britanniques jusqu’à la Turquie, en passant par la péninsule ibérique. Quelques effectifs se réfugient en Afrique du Nord, à Madère ou dans les îles Canaries. En France, elle n’est jamais nicheuse – contrairement aux autres espèces de grives – mais une hivernante commune que l’on peut l’observer d’octobre à avril. La grive mauvis se réfugie sur quasiment tout l’Hexagone et plus rarement en Alsace, en Lorraine, en Franche-Comté, en Bourgogne et dans les régions d’altitude des Alpes, Pyrénées et Massif Central. Une partie importante de grives mauvis ne fait que traverser notre pays pour hiverner plus au sud, souvent en Espagne. Cette migratrice nocturne voyage en petits groupes assez lâches, de quelques individus à plusieurs dizaines. Durant la saison froide, elle occupe pratiquement tous les milieux, dès l’instant où elle trouve de quoi se sustenter. Ses quartiers d’hivernage comprennent des boisements pour dormir et des habitats ouverts pour manger, tels que les terrains agricoles, les prairies et les pâtures. L’oiseau fréquente également les espaces bordés de haies, les landes buissonnantes, le maquis et la garrigue, ainsi que les bordures de ruisseaux.

Grive mauvis : quel est son mode de vie ?

La grive mauvis est un migrateur nocturne qui devient diurne une fois installée sur son site de reproduction ou d’hivernage. À la mauvaise saison, cet oiseau grégaire peut former des groupes comptant jusqu’à 200 individus et incluant d’autres espèces comme les grives draines et litornes. La nuit, les volatiles constituent des dortoirs dans des bois touffus, des taillis, des fourrés ou des haies et le jour, ils peuvent se nourrir ensemble. En période de reproduction, les couples deviennent territoriaux mais se rassemblent souvent en colonies lâches, avec les autres espèces de grives. Ce passereau monogame atteint sa maturité sexuelle vers l’âge d’1 an.

Voir aussi  Évitez-vous ces 10 erreurs courantes avec votre premier cochon?

De quoi se nourrit la grive mauvis ?

Cet oiseau nordique adopte un régime à la fois insectivore et frugivore, selon la saison. Parmi les invertébrés consommés, on trouve des fourmis, des coléoptères (surtout leurs larves), des mille-pattes, des criquets, des sauterelles, des mouches, des araignées et des vers de terre. La grive mauvis apprécie aussi les mollusques, telles les limaces et les petits escargots dont elle brise la coquille avec son bec ou sur un rocher. Son menu végétal affiche des graines ou des baies de genévriers, d’aubépines, de lierres, de cornouillers, d’ifs, de ronciers, d’argousiers, de sorbiers, de sureaux et de houx. Parmi ses fruits préférés, figurent les pommes, les cerises, les groseilles, les myrtilles, les poires et les fraises sauvages. En région méditerranéenne, l’oiseau ne dédaigne pas les olives et les raisins.

Comment se reproduit la grive mauvis ?

Pendant la saison des amours, qui s’étale de mi-avril à la fin juillet, la femelle cherche un endroit propice où nidifier. Il s’agit généralement de l’enfourchure d’un arbre, d’une souche, d’un buisson ou d’une haie. Elle peut aussi pondre au sol dans les régions de l’extrême nord dépourvues d’arbres. Le nid, typique des grands turdidés, se compose d’éléments végétaux soudés ensemble par de la boue. La ponte comprend 4 à 6 œufs vert bleuté et tachetés de brun-roux. La mère les couve généralement seule pendant une douzaine de jours. À l’éclosion, les oisillons sont nourris par les 2 parents qui leur amènent essentiellement des lombrics. Si l’envol peut se faire au bout de 14 jours, les jeunes restent 2 semaines supplémentaires auprès des adultes. Dès l’émancipation de sa première nichée, la femelle en entame une deuxième, sauf dans les contrées les plus nordiques ou en altitude.

La grive mauvis est-elle une espèce menacée ?

Parmi les principaux prédateurs de la grive mauvis figurent des rapaces tels que les faucons, les buses, les éperviers et les hiboux, ainsi que certains mammifères carnivores (renards, belettes, chats domestiques…). Les corvidés (corneilles) et mustélidés (fouines) peuvent s’en prendre aux couvées. Le passereau reste une espèce commune sur son aire de répartition et n’est pas considérée comme en danger. Elle est classée en catégorie “préoccupation mineure” par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). La grive mauvis fait partie du gibier chassable en France. Son espérance de vie est de 19 ans.

Les plus lus