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Qu’est-ce qui rend les nuées d’étourneaux si fascinantes ? Découvrez leurs secrets !

Nuées d’étourneaux : définition, caractéristiques, quelle organisation ?
Crédit photo : Brocken Inaglory

L’automne est la saison idéale pour observer les impressionnantes nuées d’étourneaux dans le ciel. Ce spectacle fascinant n’est pas réservé aux ruraux, les citadins peuvent également en profiter. Contrairement aux oiseaux migrateurs qui volent en V, les étourneaux n’ont pas de leader et pourtant, ils changent de direction en parfaite harmonie en une fraction de seconde. Cette synchronisation incroyable a suscité l’intérêt des scientifiques pendant des décennies. Aujourd’hui, nous en savons plus sur les caractéristiques, le rôle et l’organisation de ces passereaux qui ondulent dans les airs. Dans cet article, vous découvrirez comment les étourneaux se coordonnent pour voler en nappe et changer de cap sans avoir de pilote ni de plan de vol.

La forme unique des nuées d’étourneaux

Contrairement aux oiseaux migrateurs comme les oies et les canards qui volent en V, les étourneaux forment de majestueuses arabesques dans le ciel. Des chercheurs de l’université de Rome La Sapienza ont analysé leurs trajectoires en 3D et ont décrit ces nuées d’oiseaux comme des nappes vivantes qui se replient sur elles-mêmes, comme une feuille de papier souple. En effet, n’importe quel oiseau peut initier un changement de cap et ses congénères réagiront aux mouvements de manière quasi instantanée. Il en résulte un magnifique effet d’ondes à travers la masse. Ces grandes vagues mouvantes, semblables aux bancs de poissons, sont appelées murmurations en anglais. Ce terme est utilisé pour désigner un comportement collectif de nombreux individus qui se coordonnent de manière très rigoureuse dans des mouvements complexes sans qu’il n’y ait de chef d’orchestre. En zoologie, ce phénomène est également défini sous le terme d’agrégation.

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Quand peut-on observer des nuées d’étourneaux ?

En hiver, de nombreux oiseaux européens migrent vers l’Afrique. Contrairement aux espèces migratrices, comme les martinets ou les hirondelles qui disparaissent complètement jusqu’en mars-avril, les étourneaux sont présents toute l’année en France. Entre octobre et février, des millions d’individus originaires du nord et de l’est de l’Europe viennent rejoindre leurs congénères sous nos latitudes, où la température est plus douce. Ils se regroupent alors par millions dans les régions au climat plus clément, augmentant ainsi les populations sédentaires pour se nourrir là où le sol n’est pas gelé. Ils retournent dans leurs contrées en février ou mars, ne laissant que les oiseaux locaux. Espèce grégaire, l’étourneau forme des groupes de quelques centaines à plusieurs dizaines de milliers d’individus dont le vol en nappes opaques est surtout observable au crépuscule. Après s’être dispersés pendant la journée pour se nourrir, les passereaux se regroupent dans leurs dortoirs. Les nuées se produisent à ce moment-là, juste avant le coucher du soleil.

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Pourquoi les nuées d’étourneaux viennent-elles en ville ?

Il n’est pas nécessaire de se rendre à la campagne pour admirer le magnifique ballet des étourneaux dans le ciel. Les citadins ont en effet la chance de pouvoir assister au spectacle car ces oiseaux ne craignent pas les zones urbanisées. Au contraire, ils préfèrent dormir dans les villes car il y fait plus chaud et ils y trouvent plus facilement des abris. Ces oiseaux grégaires se regroupent généralement dans les parcs urbains où ils se posent sur des arbres proches les uns des autres car ils ont besoin de vivre ensemble. Le milieu rural ne les intéresse que pour se nourrir, c’est pourquoi, pendant la journée, ils se dispersent en petits groupes et peuvent facilement parcourir 20 à 30 kilomètres pour chercher leur nourriture. En raison de leur affluence, les étourneaux peuvent causer des dégâts aux récoltes dans les champs, les vergers, les vignes et les cultures maraîchères. Sur les terres cultivées, les oiseaux sont parfois considérés comme nuisibles et chassés à l’aide de divers dispositifs (canons effaroucheurs, filets, ultrasons…). Les passereaux finissent par connaître les zones où ils sont indésirables et n’y viennent donc que pour se nourrir. Le soir, ils retournent dans leurs dortoirs en ville où on les laisse tranquilles.

Quelle est la fonction des nuées d’étourneaux ?

Le phénomène de murmuration fait l’objet de recherches scientifiques et plusieurs théories coexistent sur les raisons de ces vastes regroupements. Les deux principales hypothèses sont les suivantes :

La défense contre les prédateurs

L’union fait la force, c’est un principe que les étourneaux suivent à la lettre. Se rassembler massivement est en effet une stratégie de dissuasion visant à intimider d’éventuels prédateurs. Quel animal serait en effet assez courageux pour affronter seul des centaines voire des milliers d’individus ? Le rassemblement des étourneaux serait donc destiné à les protéger de leurs ennemis, principalement les rapaces, comme les faucons ou les éperviers. Ainsi, lorsqu’ils pressentent un danger, les passereaux s’envolent ensemble pour former une masse compacte difficilement attaquable. Une fois en vol, si un étourneau détecte un prédateur, il part dans une direction et le groupe suit le mouvement. Dans ce nuage sombre, l’oiseau de proie est perturbé car il ne sait pas comment orienter son angle d’attaque face à cette meute de becs et de griffes. En revanche, un individu solitaire qui s’éloigne du groupe devient une cible de choix.

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L’échange d’information

Des scientifiques avancent l’hypothèse que la création de nuées favoriserait la collecte d’informations puis leur transmission. Cette théorie repose sur la logique d’une intelligence collective : plus on est nombreux, plus on a de renseignements, qu’il s’agit ensuite de communiquer pour en faire profiter le groupe. Pendant la journée, les oiseaux se dispersent en petites bandes et glanent des informations sur les sites proposant le gîte et ceux offrant le couvert. Il ne reste alors qu’à transmettre le message à ses pairs. On sait que dans une nuée de milliers d’étourneaux, un seul oiseau peut avertir la totalité du groupe qui change alors de trajectoire. L’information se propage d’un voisin à un autre et le groupe suit le mouvement quasi simultanément. Comme la défense contre les prédateurs, il s’agirait là encore d’une stratégie visant à assurer la survie de l’espèce.

Les nuées d’étourneaux suivent-elles une logique mathématique ?

La formation en V des oiseaux migrateurs est caractérisée par la présence d’un leader. Chez les étourneaux, la nuée ne pointe pas vers un individu en particulier. On peut se demander comment les oiseaux peuvent changer de cap aussi rapidement sans entrer en collision les uns avec les autres. On observe même l’inverse : le changement de direction progresse à l’échelle du groupe sans embûche, comme le ferait un jeu de domino. À quoi est due cette parfaite synchronisation ? Dès les années 80, des mathématiciens et physiciens se sont penchés sur les mécanismes qui animent ce phénomène et ont établi les constats suivants :

  • Les vols d’étourneaux n’ont pas de chef. N’importe quel membre du groupe peut initier un déplacement qui se propage ensuite à l’ensemble du groupe, comme une ola dans un stade de football ;
  • Chaque oiseau réagit uniquement à ce qui l’entoure. Plus précisément, il imite les mouvements de ses 6 ou 7 voisins les plus proches ;
  • Un étourneau aligne son déplacement et sa vitesse avec ceux de ses voisins. Il s’en approche tout en maintenant une distance minimale (une longueur d’aile) ;
  • Les deux paramètres précités – l’alignement et la cohésion – peuvent varier leurs valeurs (vitesse, distance). Ainsi, lorsqu’un individu initie un micromouvement, ses voisins immédiats le suivent, et ainsi de suite. Le groupe réagit donc au plus infime changement de valeurs et ce sont alors des milliers d’oiseaux qui tournent à droite ou à gauche, sans jamais se percuter !

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