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Qui voudrait héberger le Ténia, ce ver solitaire redouté ?

Ténia, un ver solitaire qu’aucun humain ne veut accueillir !
Crédit photo : Fedaro

Le ténia, un ver solitaire hermaphrodite, se reproduit dans notre corps en se nourrissant de notre alimentation. Sans traitement, il peut atteindre jusqu’à 10 mètres de long et vivre pendant 20 ans dans notre intestin. C’est le cas du ténia inerme, que l’on peut ingérer en mangeant un tartare de bœuf. Dans cet article, nous allons découvrir comment détecter la présence d’un ténia dans notre organisme, son mode de transmission, son cycle de vie et surtout, comment s’en débarrasser.

Les différents types de ver solitaire

Les ténias sont des vers de la classe des cestodes et de l’ordre des cyclophyllidés. Les différentes espèces qui peuvent infecter l’homme sont :

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  • Taenia saginata (ténia inerme ou ténia du bœuf) ;
  • Taenia solium (ténia armé ou ténia du porc) ;
  • Hymenolepis nana (ténia du pain) ;
  • Diphyllobothrium latum (ténia du poisson).

Description des ténias

Les cestodes sont des vers plats, en forme de ruban segmenté, composés de trois parties : une tête (scolex), un cou étroit et un corps (strobile) constitué d’une succession d’anneaux (proglottis). Les ténias ont généralement des crochets ou des ventouses à l’extrémité de leur tête qui leur permettent de s’ancrer fermement à la paroi intestinale de l’hôte. Chaque anneau est une unité reproductive indépendante hermaphrodite (mâle quand il est jeune, puis femelle à l’âge adulte) et les derniers sont remplis d’œufs. Les ténias adultes sont de couleur blanchâtre ou jaunâtre. Le plus grand des cestodes humains est Diphyllobotrium latum (ténia du poisson) qui peut atteindre exceptionnellement 20 m de long. Taenia saginata (ténia du bœuf) peut dépasser les 10 m et Hymenolepis nana (ténia du pain) mesure de 1 à 5 cm.

Les vers solitaires en France

Les ténias ont une répartition cosmopolite mais sont plus courants dans les pays en développement. Leur propagation dépend de l’hygiène, des habitudes culinaires et des contrôles vétérinaires observés dans ces régions.

  • Taenia saginata est le plus courant en France où l’on consomme volontiers de la viande crue (tartare de bœuf) ou peu cuite (viande bleue ou saignante) ;
  • Taenia solium est absent de France où la recherche de cysticerques (forme larvaire des ténias) est obligatoire chez le porc à l’abattage (pas obligatoire pour la viande de bœuf). Les très rares cas d’apparition de ces espèces de ver solitaire concernent des étrangers ou des Français revenus de l’étranger. Le ténia du porc est davantage présent dans la péninsule ibérique, en Europe de l’Est, en Asie, en Afrique et en Amérique du Sud ;
  • Diphyllobothrium latum touche certaines parties de l’Europe du Nord, (comme la Scandinavie, la Russie et les pays baltes) où l’on consomme traditionnellement des poissons d’eau douce crus ou mal cuits, tels que le saumon ou la truite ;
  • Hymenolepsis nana, le ténia du pain, est très répandu en Afrique, en Inde, en Amérique centrale et du Sud.
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Comment contracte-t-on le ver solitaire ?

Le ténia du bœuf, le plus courant en France, a deux hôtes au cours de sa vie :

  • Un hôte intermédiaire (le bœuf), qui porte les œufs du ver solitaire mais ne développe pas le parasite ;
  • Un hôte définitif (l’homme), au sein duquel le ténia va proliférer.

La plupart des transmissions se font par la consommation de viande crue ou insuffisamment cuite. Les larves de ténia vivent dans les muscles des hôtes intermédiaires puis se transmettent à l’homme, via l’alimentation, qui devient son hôte définitif. Dans le cas du ténia du pain, l’hôte intermédiaire est un insecte ou un invertébré (blatte, puce, ver de farine…) que l’humain (surtout l’enfant) ingère dans un pain mal cuit. Pour cette infection, on note toutefois que le mode habituel de contamination est l’auto-infestation (mains sales), sans hôte intermédiaire.

Le cycle de vie du ténia

Voici en détail le cycle de vie d’un ver solitaire :

  • Les œufs du ténia sont éliminés dans les selles des personnes infectées. Ces œufs sont ingérés par des bovins (hôte intermédiaire) via une herbe ou une eau contaminée par des matières fécales humaines ;
  • Les œufs éclosent dans le système digestif du bétail, libérant des larves qui traversent la paroi intestinale et migrent vers les muscles des animaux ;
  • Lorsqu’un humain consomme de la viande infestée, crue ou insuffisamment cuite, les larves s’installent dans son estomac ;
  • Les larves passent de l’estomac à la muqueuse intestinale de l’homme où elles se fixent à l’aide des crochets situés sur sa tête ;
  • Les larves grandissent grâce à la nourriture consommée par l’homme (ce qui explique une perte de poids chez l’humain qui ne métabolise pas ses aliments) ;
  • Les larves se développent ensuite en ténias adultes dans l’intestin grêle où ils se reproduisent ;
  • Les œufs produits par les adultes sont expulsés dans l’environnement par les selles humaines ;
  • L’ingestion des anneaux par le bétail va perpétuer le cycle de vie du ver solitaire.

Symptômes du ver solitaire

Une personne infectée par un ver solitaire peut être asymptomatique ou ne présenter que des symptômes légers. De plus, les signes cliniques se confondent parfois avec d’autres affections, c’est pourquoi des années peuvent passer avant qu’un diagnostic ne soit posé. À savoir que Taenia saginata peut vivre 20 ans ! Outre la présence d’anneaux dans les selles, dans les sous-vêtements ou dans les draps, les symptômes susceptibles d’apparaitre en présence d’un ver solitaire sont les suivants :

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  • Une perte d’appétit occasionnant un amaigrissement anormal ;
  • Une augmentation de l’appétit (les aliments n’étant plus métabolisés par l’homme mais par le ver) ;
  • Des douleurs abdominales ;
  • Des troubles digestifs (nausées, diarrhées, constipations, ballonnements…) ;
  • Des maux de tête ;
  • Une fatigue importante (le ver absorbe les nutriments essentiels au bon fonctionnement de l’organisme) ;
  • Des démangeaisons (au niveau anal) ;
  • Des éruptions cutanées ou de l’urticaire (en cas d’allergie).

Diagnostic du ver solitaire

Outre les symptômes décrits ci-dessus, souvent minimes et non spécifiques, le patient est surtout alerté par la découverte d’anneaux dans ses selles, ses draps ou ses sous-vêtements. Les anneaux se présentent sous la forme de débris blanchâtres d’environ 2 cm de long sur 1 cm de large et d’1 mm d’épaisseur. La méthode du scotch-test anal consiste à appliquer un ruban adhésif sur l’anus, pour ensuite examiner l’échantillon au microscope et détecter la présence éventuelle d’œufs. Une coproculture peut se révéler nécessaire afin de déterminer le type de parasite responsable et apporter un traitement adapté. Le médecin peut aussi réaliser un bilan sanguin car au stade précoce de l’infestation, une augmentation des globules blancs éosinophiles est parfois observée dans certains cas (comme dans beaucoup d’infections). La sérologie peut aussi démontrer une carence en vitamine B12 provoquée par le ténia du poisson qui engloutit massivement cette substance.

Traitement des vers solitaires

L’infestation par un ver solitaire est une affection bénigne mais qui doit être éliminée car sans traitement, le ténia continue de grandir dans le corps. Un médicament antiparasitaire (vermifuge), généralement prescrit en une dose unique, suffit pour tuer le ver solitaire. Le cestode est ensuite expulsé à travers les selles. Le traitement est parfois renouvelé 2 à 3 semaines plus tard, afin de garantir la suppression définitive du parasite. En présence du ténia du poisson, la vitamine B12 peut être nécessaire pour corriger l’anémie, le cas échéant.

Prévention contre le ténia

La prévention contre le ver solitaire passe par des mesures hygiéniques et alimentaires simples tels que :

  • Une cuisson à cœur des viandes et poissons (les carpaccios, tartares et sushis sont à éviter) ;
  • La congélation prolongée (au moins 10 jours à -20 °C) permet de tuer les larves de ténia saginata et solium ;
  • Le nettoyage des mains après avoir touché de la viande, un animal, après la sortie des toilettes et après une balade en forêt si vous avez touché la végétation ;
  • Le lavage des fruits et des légumes, en particulier ceux ramassés dans la nature (car ils peuvent présenter des résidus d’excréments contenant des œufs) ;
  • La vermifugation de ses animaux domestiques.

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