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Rencontrez-vous le loup le plus répandu : le loup gris?

Loup gris, le plus commun des loups
Crédit : Ouest France

Après deux siècles de persécution, le loup gris a été déclaré éradiqué du territoire français en 1937. Cependant, depuis son retour dans les années 1990, ce canidé a suscité de vifs conflits entre les défenseurs de l’espèce et les éleveurs de bétail. Découvrons ensemble ce carnivore à l’organisation sociale extrêmement hiérarchisée, qui vit aussi bien dans les montagnes qu’en plaines boisées et habitées.

Le loup gris : un canidé aux multiples sous-espèces

Le loup (Canis lupus) fait partie de l’ordre des carnivores et de la famille des canidés, tout comme les chiens, les renards, les chacals ou les lycaons. Au fil des millénaires, le loup a évolué en de nombreuses sous-espèces selon les régions qu’il occupe, comme le loup arctique (Canis lupus arctos) ou le loup gris commun (Canis lupus lupus), qui est la seule espèce présente en Europe. On recense près de 40 sous-espèces connues de Canis lupus à l’échelle mondiale.

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Identifier le loup gris

Le loup gris se distingue par un poitrail développé, un cou massif et de hautes pattes fines. Sa tête est assez large et ses oreilles, proportionnellement petites, sont écartées et légèrement arrondies. Ses yeux obliques présentent un iris jaune. Le pelage du loup européen varie du gris au roux, avec une extrémité de queue noire. Il mesure de 110 à 150 cm de long, dont 30 à 50 cm de queue. Sa taille au garrot va de 60 à 90 cm et son poids varie de 30 à 50 kg pour le mâle et de 25 à 40 kg pour la femelle. Comme le chien domestique, le loup compte 42 dents à l’âge adulte.

Adaptations du loup gris à la vie sauvage

Contrairement au chien domestique, le loup a évolué pour affronter la vie sauvage. En tant que prédateur, il a appris à subvenir seul à ses besoins alimentaires dans la nature. Ses dents se sont adaptées au régime carnassier pour saisir une proie, arracher sa chair et broyer ses os. Sa mâchoire peut exercer une pression d’écrasement d’environ 10340 kilo pascals contre 5 200 kPa pour un berger allemand. Le loup gris a également développé un sens aigu de l’odorat qui lui permet de détecter un animal à des centaines de mètres de distance. Il peut aussi entendre des sons très lointains (jusqu’à 9 km) et des fréquences ultrasonores inaudibles pour l’oreille humaine. Enfin, ses yeux sont pourvus d’une surface cellulaire appelée tapetum lucidum (comme les chats), qui lui offre une bonne vision nocturne.

Habitat du loup gris

L’aire de répartition du loup gris comprend la majorité de l’hémisphère Nord eurasien : Asie, Amérique du Nord, Russie, Europe centrale, Finlande, Espagne, Portugal, Italie, Péninsule Arabique…. L’animal occupe des biotopes très différents : les montagnes, les plaines boisées, les forêts, les steppes, la toundra, la taïga, les plateaux cultivés en Espagne ou encore, les zones semi-désertiques d’Israël ou d’Arabie Saoudite. Le loup s’installe de préférence là où la densité de grands herbivores sauvages est importante. Son domaine vital possède au moins une tanière pour élever ses louveteaux. Son abri prend généralement la forme d’une cavité creusée par l’animal lui-même, d’une tanière de renard ou de blaireau agrandie, d’une grotte, d’un espace placé sous une souche ou un rocher, ou dans un taillis très dense. Son refuge est le plus souvent orienté vers le sud afin d’assurer une source de chaleur et généralement proche d’un point d’eau.

Le retour du loup gris en France

Les loups n’ont pas été réintroduits en France. Ils sont arrivés naturellement et par étapes depuis le massif des Abruzzes, dans le centre de l’Italie. Les analyses génétiques ont en effet établi que tous les individus présents sur l’Hexagone proviennent de la souche italienne. Si les indices de leur réapparition dans les Alpes du Sud remontent à la fin des années 1980, la première observation authentifiée date de novembre 1992, dans le parc national du Mercantour. Ce retour, accompli sur 20 ans, a démontré que les loups étaient capables de traverser des zones urbanisées et de grandes infrastructures routières. Après les premières localisations attestées dans les Alpes-Maritimes, le canidé a colonisé une grande partie de la chaîne alpine et opéré des incursions dans tous les massifs montagneux alentours : Vosges, Jura, Massif central et Pyrénées.

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Colonisation du territoire français par le loup gris

En France, l’espèce est localisée dans les régions Auvergne-Rhône-Alpes, Provence-Alpes-Côte d’Azur, Bourgogne-Franche-Comté, Bretagne, Centre-Val de Loire, Grand Est, Hauts-de-France, Île-de-France, Normandie, Nouvelle-Aquitaine, Occitanie et Pays de la Loire. On trouve les traces du loup dans 82 départements, en plus des Alpes, son fief historique. Les données les plus récentes font état de 128 meutes et de la présence d’individus isolés dans de nouveaux départements telle la Sarthe, la Manche et le Finistère. Au regard de sa capacité à se répandre, le loup commun pourrait coloniser d’autres régions françaises où abondent les ongulés sauvages dont il se nourrit. Sa dynamique de population est à l’expansion depuis le sud-est, en remontant vers le nord et en rejoignant les Pyrénées à l’ouest.

Régime alimentaire du loup gris

Le loup est un carnivore opportuniste qui adapte son régime alimentaire aux proies disponibles. À choisir, il privilégie les ongulés sauvages tels que les chamois, les mouflons, les chevreuils, les cerfs, les orignaux, les rennes, les élans et les sangliers. Le canidé peut aussi se nourrir de lièvres, de lapins, de marmottes et d’oiseaux. Lorsque les ressources alimentaires manquent, le loup gris s’en prend parfois au bétail, comme les moutons et les chèvres. Le prédateur nocturne chasse en meute, ce qui lui permet d’attaquer de grosses proies qu’il peut poursuivre sur de longues distances afin de les épuiser. Le loup peut également consommer des charognes quand l’occasion se présente ainsi que des insectes et des fruits.

Organisation sociale du loup gris

Le loup gris commun est un animal social qui vit en meute comprenant jusqu’à 20 individus, souvent issus de la même famille : des jeunes de l’année et parfois ceux de l’année précédente. En France, ces tribus très hiérarchisées comptent souvent de 2 à 6 loups. Chaque groupe est dirigé par un couple dominant (alpha), suivi d’un mâle bêta et de subordonnés. Le couple alpha régit les activités vitales telles que la chasse, les déplacements ou la défense du territoire. Il est le premier à se nourrir et le seul à pouvoir se reproduire. Les meutes intègrent rarement des étrangers et des combats mortels peuvent se produire lorsqu’un intrus traverse un territoire déjà occupé. Les seuls nouveaux arrivants sont généralement des immatures – âgés d’1 à 3 ans – qui ne menacent pas l’autorité du couple reproducteur.

Communication entre loups

Comme vu précédemment, le loup est une espèce sociale qui vit en meute et possède divers moyens de communiquer avec ses congénères. L’animal dispose en effet de nombreuses glandes sur la face, les lèvres, le dos et les coussinets qui laissent ses odeurs partout où il passe. Chaque individu possède sa propre empreinte olfactive en fonction de son lieu de vie et de son état physiologique (mâle, femelle, maturité sexuelle, période d’ovulation…). Cette espèce très territoriale marque son fief avec son urine, ses déjections et des grattages au sol ou sur les objets de l’environnement (tronc, branche…). Chaque loup possède également une signature vocale unique et envoie des informations par ce biais. Les signaux sonores sont variés et dépendent du contexte. Les vocalisations sont par exemple utilisées pour rassembler la meute, alerter d’un danger ou se localiser sur un territoire inconnu. On dit que le hurlement du loup peut porter jusqu’à 16 kilomètres dans une toundra ouverte.

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Reproduction du loup gris

L’accouplement du couple dominant se déroule en février-mars. La femelle met bas en avril-mai, après une gestation d’environ 2 mois. La portée compte de 3 à 5 louveteaux aveugles et sourds qui pèsent environ 400 à 500 g. Les nouveaux-nés tètent leur mère jusqu’à l’âge de 6 semaines puis mangent de la nourriture régurgitée par les adultes. Ils suivent leurs parents hors de la tanière vers l’âge d’1 an et quittent le giron familial à la maturité sexuelle, vers l’âge de 2 ans. Alors, ils explorent des territoires inconnus et tentent de s’intégrer à une meute. Certains jeunes peuvent rester plus longtemps (jusqu’à 4 ans) et aident alors leurs parents à nourrir et éduquer les nouveaux louveteaux. Une meute se constitue généralement à partir d’un mâle et d’une femelle non apparentés qui voyagent ensemble et s’établissent dans une région inoccupée pour fonder une famille.

Le loup gris : une espèce menacée ?

Placé au sommet de la chaîne alimentaire, le loup gris ne connaît pas de prédateur naturel. Après avoir été exterminé de plusieurs pays d’Europe dont la France, le loup gris commun est réapparu en 1992 sur l’Hexagone grâce à son statut d’animal protégé. En raison de sa large aire de répartition, le loup gris n’est pas menacé de disparition à l’échelle mondiale mais en France, il est classé en catégorie Vulnérable sur la liste rouge des espèces menacées établie par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN). Selon l’Office française de la biodiversité (OFB), à la sortie de l’hiver 2022-2023, la population de loups en France était estimée à 1 104 individus, dispersés en 128 meutes. Par comparaison, l’Espagne compte environ 2000 loups et plus de 3000 en Italie.

Protection du loup gris

À l’échelle internationale, le loup gris est inscrit sur l’annexe I et II de la Convention internationale régulant le commerce des espèces menacées pour leur protection (CITES). En Europe, il est protégé par la Convention de Berne de 1979 (transcrite dans le droit français en 1989) et figure dans les annexes II et IV de la directive Habitats de l’Union Européenne. En France, sa protection est notifiée dans l’arrêté ministériel du 22 juillet 1993, mis à jour le 23 avril 2007. La destruction de l’espèce est interdite mais une dérogation permet d’autoriser des tirs létaux lorsque la prédation devient trop importante sur le bétail. En France, des mesures visent à limiter les impacts négatifs du loup sur les activités agricoles tout en assurant sa conservation. Celles-ci incluent la mise en place de dispositifs de protection des cheptels, des indemnisations en cas de préjudice avéré, et l’instauration de plans de gestion adaptés.

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